In memoriam

Yves de SAINT FRONT

Le papa de notre frère Martin
lundi 31 octobre 2011.
 

Né à Paris le 23 mars 1928, Yves de Saint Front était le fils du peintre de marine et navigateur solitaire normand Durand de Saint Front, alias Marin Marie. Yves était l’aîné d’une famille de trois enfants. Dès sa plus jeune enfance, sa mère l’emmène au musée du Louvre où il est impressionné par Rembrandt, Goya, Ingres et Vélasquez. Il commence son apprentissage à l’aquarelle et à la gouache selon la méthode de son père. En 1943, il lui emprunte ses tubes d’huile et fait ses premiers essais de portraits et de natures mortes à Saint Hilaire du Harcouët ainsi qu’à Chausey, la maison de famille, au large du Mont Saint Michel.

(JPG)

En 1947, il est admis aux Beaux arts dans l’atelier de M. Jean Souverbie qui enseigne l’art des maîtres contemporains (Braque, Picasso, Matisse) ainsi que les primitifs. Il visite les musées parisiens dont le Louvre et les maîtres de la tradition chrétienne comme le maître de la piéta d’Avignon. A l’occasion des grandes expositions montées après guerre, il découvre Van Gogh, Gauguin, Degas, Toulouse Lautrec ainsi que les impressionnistes. En novembre 1948 il voyage au Maroc en famille au départ de Chausey jusqu’à Casablanca via Lisbonne, à bord de l’Ariel, voilier de 17 mètres conçu pour la compétition. Retour en juillet-août par Madère sur Chausey.

Après avoir fait son service militaire en 1950 il voyage en novembre et décembre 1951 de Casablanca à Monaco comme équipier de son père sur le « Carola », goélette de 300 tonneaux. Lors d’une escale à Barcelone ils visitent le musée d’art roman.

En 1952 il décore avec son ami Pierre Furstenberger la salle à manger de Madame Toulouse Lautrec, sœur de Louise de Vilmorin. Sur sa demande, il peint murs et portes de sa chambre, participe à la recherche du mobilier et prépare un carton pour la réalisation d’un tapis.

En 1954, après plusieurs mois de séjour à Chausey, il rentre fin octobre à Paris où il s’associe à une entreprise de peinture de bâtiment pour gagner sa vie jusqu’en juin 1955. Il réalise cette année portraits, études, travaux de décoration et continue à peindre en hiver dans la rue, les cafés de nuit.

En juin 1955, première exposition à la galerie Jean-Raymond, boulevard Malesherbes à Paris où il présente une trentaine de peintures : portraits, paysages de Chausey, cafés de nuit, etc. ... Il expose cette même année au salon de la marine et obtient une motion de félicitation du jury. Invité à Tahiti par son oncle, l’amiral Durand de Saint-Front, il arrive à Papeete au début de décembre 1955. Il séjourne sur la côté Ouest puis à la Pointe Vénus chez le peintre Masson. Il part vivre trois mois sur l’atoll d’Anaa où il fait la connaissance d’un vieux missionnaire le père Materne-Cevaëre, rencontre qui marquera sa vie spirituelle. Puis il rentre à Tahiti et repart pour la France le 2 novembre 1956. Ce séjour lui a permis de se confronter à la lumière extérieure selon le principe des impressionnistes.

L’année 1957 se passe à préparer une exposition pour la galerie Chardin à Paris qui a lieu au mois d’octobre. En fin d’année il est embauché dans l’atelier de décoration de Jean-Jacques Charrier. En juin 1958, à l’occasion d’une retraite à l’abbaye de Saint-Benoit sur Loire, il prend contact avec un frère qui a participé à la réalisation des verrières en dalles de verre du réfectoire moderne.

JPG - 17.1 ko

En juillet il revient aider le frère à réaliser des cartons (dessins grandeur nature des panneaux qui composent le vitrail) et mettre en place une rosace dans une église de la région. Il abandonne l’atelier de décoration parisien fin décembre.

A Pâques 1959, il accepte le poste de surveillant et professeur de dessin au collège de Pontlevoy, près de Blois, ce qui le rapproche de Saint-Benoît où il se rend régulièrement. Il y met au point un système de visionnage en même temps qu’il fabrique les panneaux de dalles de verre. Pendant les vacances scolaires, le père Delaby lui propose de réaliser les vitraux pour la chapelle de Chausey dont les verrières ont été en grande partie détruites pendant la guerre. En 1960, il démissionne du collège de Pontlevoy et accepte en début d’année l’offre de l’abbaye de Saint-Benoît qui l’embauche à mi-temps comme conseiller artistique, magasinier, coupeur de verre. Il pourra ainsi entreprendre les maquettes des vitraux de Chausey auxquelles il travaillera jusqu’en juin 1967. En juillet 1967, inauguration des vitraux de la chapelle de Chausey : 6 fenêtres figuratives de 2,7 m2 chacune.

(JPG)

A la fin de l’année 1960, chez Francis et Suzanne André à Bruxelles, il rencontre sa future épouse, Isabelle Wolf, professeur de dessin et peintre dont la mère est la sœur de Suzanne André. Il se marie en avril 1962 à l’abbaye Saint-Benoît.

JPG - 9.3 ko

Parallèlement à son emploi, il est maquettiste d’un certain nombre de chantiers : l’église du XIIIe siècle d’Amillis (77), chapelle de Boffres en Ardèche. En janvier 1963, naissance de leur fils Pierre, en mai 1964, de leur fils Martin et en mai 1966, de leur fille Marguerite. De 1960 à 1967 il réalise des vitraux pour des églises dans le monde entier : Nouvelles Hébrides, Alabama et la cathédrale de Papeete où il arrive en 1967 pour diriger la pose de trois fenêtres en dalles de verre pour le porche d’entrée.

(JPG)
(JPG)

Avec lui, sur le paquebot « le Tahitien », il embarque sa femme, ses trois enfants, et trois vitraux figuratifs en dalles de verre pour la façade Ouest de la cathédrale de Papeete.

Durant trois ans il reprend la peinture quelque peu délaissée pour le vitrail et travaille, comme pour le premier séjour, à l’extérieur.

En avril 1970, naissance à Papeete de leur quatrième enfant : Paul.

En 1971, après avoir déménagé successivement trois fois, la famille s’établit à Paea dans la maison qu’il a construite selon ses plans et qui comprend un atelier au premier étage.

En 1971, sur la demande de Monseigneur Michel Coppenrath, il réalise le chemin de croix de la cathédrale de Papeete sous la forme d’une bande horizontale narrative.

(JPG)

En 1974, il se fait construire une maison à Moorea où sa famille emménage en juin.

En 1977, ayant projeté d’écouler une année sabbatique en France, il quitte Tahiti avec sa famille au mois de juin. Ils prolongeront toutefois leur séjour parisien et les six membres de la famille ne se réuniront plus à Tahiti.

En 1981, il achète à Trie-Château dans le Vexin Normand une maison délabrée qu’il n’aura de cesse de rénover. Désormais, il se partagera entre Chausey et son atelier du Vexin avec un séjour de mai à novembre 1985 à Tahiti.

Le 11 juin 1987, son père décède, suivi le 27 décembre par sa mère.

En 1988, il voyage en famille en Espagne et se rend à Salamanque pour assister aux vœux religieux de son fils Martin.

En 1990, invité par Jean-Pierre Fourcade à séjourner aux Tuamotu, il travaille avec son épouse dans la ferme perlière d’Aratika dont le lagon lui inspire une importante série de tableaux.

A la fin de l’année 1991, il aménage un nouvel atelier dans la maison familiale de Chausey qui a été divisée par la succession.

En juin 1992, sa femme Isabelle monte une double exposition à leur domicile de Trie-Château. Alors qu’elle présente son œuvre au premier étage, Yves de Saint-Front ouvre les portes de son atelier. Dans un climat chaleureux, ils reçoivent pendant trois jours une trentaine d’amis et clients.

A l’automne 1993, il conçoit les maquettes du livre des carnets de dessin de Marin Marie

(JPG)

qui est publié en fin d’année par la maison d’édition Octavo qui publie aussi en mai 1996 le livre Chausey Imago mundi. Cet ouvrage est illustré par son œuvre, le texte est écrit par Alain Hervé.

(JPG)

En décembre 1997, sa femme Isabelle effectue un voyage à Tahiti pour une exposition de ses œuvres à la galerie du Vaima. Son fils Martin l’accueille au séminaire de Faa’a. Elle parvient à photographier une série de peintures destinées à un livre sur ......... Hospitalisée à son retour en France, elle succombe à son mal le 23 mai 1998.

En 1999, il quitte sa demeure du Vexin et s’installe à Pleudihen sur la Rance près de sa fille Marguerite Gaboriau. Avec l’aide de son gendre, charpentier de marine, il se lance une nouvelle fois dans la restauration d’une maison où il prévoit son atelier.

Yves de Saint-Front nous quitte le vendredi 14 octobre 2011à l’âge de 83 ans pour rejoindre au Ciel ses parents et son épouse, mais il nous laisse à Tahiti, une des plus belles œuvres de sa vie : son fils, notre cher frère Martin.