LOIC LE PAGE

samedi 23 juillet 2011.
 
Texte lu par le général LE PAGE à l’issue de la cérémonie religieuse à la mémoire de son fils Loïc.

ARUE, le 2 mars 2008

Je voudrais avant tout vous exprimer, en mon nom et au nom de mon épouse, nos très sincères remerciements pour votre présence à nos côtés en ces moments d’intense émotion que nous venons de vivre.

Ces remerciements s’adressent en premier lieu au Contre-Amiral MAURICE, commandant supérieur des Forces Armées en Polynésie française, ainsi qu’à ses adjoints Mer et Air, le capitaine de vaisseau GEMPP et le Colonel CHOLLEY, mais également :
-  au Père Pascal et à son équipe paroissiale,
-  au major Bailles président de l’ACORAM-ACOMAR,
-  au LT Colonel SANZ, chef de corps du RIMAP,
-  au LT Colonel BELGODERE, chef de corps du GSMA,
-  aux détachements sous les armes de la Marine et de l’Armée de Terre,
-  aux délégations d’anciens combattants et à leurs porte-drapeaux,
-  aux détachements de Fusiliers Marins Commandos et d’anciens parachutistes.

Je remercie enfin les membres de notre famille ainsi que tous nos amis et ceux qui se sont joints à nous pour nous entourer de leur affection ou de leur amitié.

Tous ensemble, civils et militaires des trois Armées, nous avons ainsi tenu à célébrer ce second anniversaire de la disparition de Loïc.

Cela est bien, cela est juste, car le sacrifice au service de la Nation des soldats qui la servent, ne doit pas être oublié et nous avons le devoir de nous souvenir et de leur rendre hommage.

« Le disparu, si l’on vénère sa mémoire, est plus précieux et plus puissant qu’un vivant », disait Saint-Exupéry.

Il est certes difficile d’imaginer - surtout quand des milliers de kilomètres nous séparent des lieux de conflits et d’affrontements qui embrasent actuellement la planète - que le monde libre est en guerre contre le fanatisme et le terrorisme. Difficile d’imaginer que de jeunes hommes tombent tous les jours en menant ce combat pour défendre des valeurs, jamais définitivement acquises, et pour que nous puissions vivre libres et en paix.

Notre fils est tombé au champ d’honneur, parce qu’il avait foi en sa mission. Il en connaissait les risques et les avait acceptés.

Mais la lutte continue, et il y aura toujours des hommes forts et courageux pour prendre la relève et continuer le combat.

J’en veux pour preuve ce qui s’est passé le 4 mars 2006, dans cette région montagneuse et désertique du Sud AFGHANISTAN.

Quand Loïc a été mortellement touché, la nouvelle s’est aussitôt propagée à la radio. On devine la stupeur, la consternation et le désarroi de ces jeunes hommes engagés dans l’opération. Le groupe de Loïc, privé de son chef, est toujours pris sous le feu en un moment crucial, où tout peut basculer. Son adjoint, jeune officier marinier comme lui, prend alors le commandement et poursuit l’assaut. Dans les moments qui suivent, la position tenue par l’ennemi est définitivement conquise et l’adversaire est mis hors de combat.

Le 4 mars prochain à Lorient, ces mêmes hommes courageux que je connais bien et qui arborent de si belle façon leur légendaire béret vert de Commandos Marine recevront à leur tour la croix de la valeur militaire pour leur brillante conduite au feu. J’en suis fier et heureux pour eux, comme Loïc l’aurait été pour ses hommes qu’il aimait tant.

Le Président de la république disait récemment : « Le métier militaire comporte bien des contraintes et bien des exigences. Mais ce qui fait sa véritable grandeur, c’est cette part de sacrifice acceptée d’avance qui lui est consubstantielle et qui fait toute sa noblesse. Donner sa vie pour ses concitoyens, donner son sang pour la France, faire don de soi au service des valeurs auxquelles nous croyons et que - nous défendons sur la scène internationale parce que ce sont des valeurs universelles. Existe-t-il un choix plus grand, plus digne de respect que celui-là ? »

Alors oui, j’ai l’intime conviction qu’il n’est pas de mort inutile quand celle-ci peut servir d’exemple aux jeunes générations.

Mieux vaut une vie courte, mais magnifiquement remplie au service d’un idéal, qu’une vie longue et fade, sans idéal, ni don de soi.

Cette stèle, inaugurée l’an dernier à la même époque par le Contre-Amiral MAURICE, la présence du drapeau du RIMAP-P héritier des glorieux volontaires du Pacifique - et celle du détachement de la 1ère Compagnie de Taravao, symbolisent les racines Polynésiennes de Loïc - TAMARII TAHITI NO ARUE - et son profond attachement à la terre de ses ancêtres.

À lui l’immortalité, à nous de nous souvenir, car tant que nous honorerons sa mémoire, son sacrifice aura un sens et il continuera à vivre intensément en nous.

Général de corps d’armée (CR) Maurice Le Page